Le principe de l’apprentissage de la lecture
Nous sommes en 2011 et nous savons de plus en plus précisément ce qui est indispensable pour qu’un enfant ait toutes les chanc…
Nous sommes en 2011 et nous savons de plus en plus précisément ce qui est indispensable pour qu’un enfant ait toutes les chances de bien apprendre à lire. Certains pays ont su intégrer ces connaissances et obtiennent d’excellents résultats dans ce domaine (moins de 5% d’échec). La France est, quant à elle, très en retard.
Pour décrire les éléments essentiels d’un enseignement efficace de la lecture, il suffit de confronter l’expérience des enseignants, les observations des orthophonistes, les travaux de chercheurs de diverses disciplines (neurologie, psychologie, etc.) et l’exemple de pays en pointe dans ce domaine. Il en sort des principes incontournables.
Apprendre à lire est un long et difficile apprentissage qui nécessite un enseignement explicite et systématique.Nous donnons ci-après quelques principes simples qui n’épuisent pas le sujet. Pour aller plus loin et avoir une vue d’ensemble des exigences de cet enseignement, nous recommandons la lecture des ouvrages conseillés dans notre espace Ressources.
APPRENDRE À LIRE, LES PIÈGES À EVITER
Le petit enfant approche spontanément l’écrit de manière logographique. Confronté à un mot courant, il pourra prendre l’habitude de le reconnaître grâce à quelques indices de forme et de couleur. Il reconnaîtra son logo préféré à partir de ces indices, même si ses lettres ont été changées. En revanche, si la forme est changée et les lettres conservées, il ne pourra pas l’identifier. Cette manière rudimentaire de reconnaître les mots doit disparaître au profit d’une véritable lecture qui s’intéresse à chacune des lettres qui compose les mots.
Toute activité qui renforcerait la démarche logographique en début d’apprentissage est à proscrire, comme par exemple une habitude prise en GS de faire repérer les prénoms des enfants de la classe, ou ces exercices de nature globale ou idéovisuelle que contiennent des méthodes de lecture encore en usage dans les classes. À ce titre, les parents auront à se méfier des cahiers du soir ou de vacances qui, pour la plupart, contiennent ce type d’erreurs. La lecture n’est pas un jeu de devinettes !
LA CORRESPONDANCE LETTRES/SONS
Plus personne ne conteste la nécessité d’enseigner de manière explicite les correspondances entre les lettres et les sons dès le début de l’apprentissage (et donc dès le début du CP, sans le moindre retard). Les premières correspondances doivent être régulières et conduire à la formation de mots simples et connus de l’enfant. En associant les valeurs sonores de consonnes simples et de voyelles, l’enfant forme ses premiers mots et prend conscience que la langue orale est constituée par une association de sons qui peuvent être codés à l’écrit.
Cette aptitude, désignée sous le terme de conscience phonémique, se développe naturellement dans une démarche explicite où l’enfant apprend le son des lettres, et la manière de les associer pour former des syllabes sonores, puis des mots. Cette manière de faire permet de lier déchiffrage et compréhension si l’enfant est invité à lire des mots qu’il connaît à l’oral, ou des phrases simples dont il connaît la signification dans le langage parlé.
LE SAVOIR LIRE POUR LE PLAISIR DE LIRE
Le plaisir de lire réside dans la maîtrise d’une clé de lecture infaillible et rassurante. L’enfant qui hésite sur la manière de prononcer certains graphèmes et qui se trompe sur l’identification des mots sera conduit à lire des textes de faible signification pour lui, et à force, rébarbatifs. Il est fondamental qu’à chaque étape de l’apprentissage de la lecture, les mots et les phrases proposées à l’enfant ne fassent appel qu’aux seuls graphèmes et phonèmes qui lui ont été explicitement enseignés. Les mots et les textes doivent donc être élaborés en fonction de ce que savent les enfants : toute autre démarche est insécurisante et risque d’écarter l’enfant de la lecture.
Les correspondances doivent être enseignées, mais aussi mémorisées par l’enfant. Cette mémorisation n’est pas instantanée. Elle exige de nombreux exercices de lecture à voix haute, faite sous le contrôle de l’enseignant ou des parents. La transcription orale des lettres ou groupe de lettres, que l’on désigne plus simplement sous le terme de déchiffrage, doit devenir de plus en plus aisée. Les enfants qui ne comprennent pas ce qu’ils lisent sont, dans la majorité des cas, des enfants qui n’ont pas assez automatisé le déchiffrage. Leurs hésitations les empêchent de se concentrer sur la compréhension du message.
Il est donc fondamental d’exercer encore et encore le déchiffrage, ce qui fait de la lecture à voix haute la principale activité de l’enfant au CP et au CE1. C’est seulement par un déchiffrage sûr et sans erreur que l’enfant pourra développer une compréhension fine de ses lectures. Le déchiffrage s’améliore rapidement si l’enfant apprend à écrire en parallèle : l’écriture permet de renforcer la connaissance des correspondances entre les sons et les lettres, et aussi l’orthographe !
DISTINGUER VRAIE ET FAUSSE DYSLEXIE
Certains enfants, trop souvent étiquetés comme dyslexiques, rencontrent des difficultés qui ne traduisent aucun déficit majeur. Colette Ouzilou, orthophoniste, ne trouvait qu’un vrai dyslexique pour 100 enfants adressés à son cabinet pour cause de dyslexie. La vraie dyslexie est un handicap lourd et rarissime.
Ces erreurs de diagnostic cautionnent la persistance de multiples manières d’enseigner la lecture, dans le but louable de rejoindre chaque élève. Mais, il apparaît de plus en plus clairement que si les enfants n’ont pas tous les mêmes pré-requis, ni la même maturité, ce n’est pas en multipliant les voies d’accès à la lecture que l’on répond à leur besoin. Il n’y a qu’une manière d’apprendre à lire et c’est en suivant cette voie que l’on décèle le plus sûrement les vraies difficultés des enfants et les points à travailler pour les surmonter.